The blond assassin

Mon enquête sur la mort de Mario Bachand avait commencé avec ma chute sur l’interrogatoire de John Starnes de la DGIS sur les réunions du 24, 26 mars 1971. Cela signifie que mon enquête a commencé au sommet, en direction de ceux qui ont ordonné le meurtre, plutôt qu’à la base. Pour diverses raisons, je pense que c’était un choix heureux. Principalement, parce que cela m’a permis de prendre un peu de distance par rapport au bruit des médias, et donc de me protéger, de la désinformation sur l’affaire.

Être une ardoise vierge aide l’enquête

Le fait d’avoir passé près de vingt ans en Colombie-Britannique avant de commencer mes enquêtes m’a également aidé. J’avais peu ou pas de préjugés concernant l’affaire Bachand. J’étais une ardoise vierge. J’ai été surpris de constater, lors de mes lectures et de mes entrevues, que les Québécois savaient très peu de choses sur Mario Bachand et sa mort, et que ceux qui pensaient savoir quelque chose, ne savaient rien et ne pouvaient que répéter les faussetés diffusées par les médias au moment du meurtre. Cela, étrangement, était particulièrement vrai pour plusieurs ex-FLQ qui avaient une connaissance personnelle d’événements connexes.

Le mensonge, un chemin vers la vérité

Mais permettez-moi d’ajouter que les mensonges et la tromperie d’un sujet d’interview ou les comptes rendus dans les médias ou les documents officiels peuvent être très utiles dans une enquête. Par exemple, si un fonctionnaire, un document ou un journaliste dit un mensonge, vous savez alors qu’il ou elle, ou le document, a été d’une manière ou d’une autre partie au crime. Ce n’est pas une preuve en soi, mais cela peut vous aider à orienter votre enquête. Vous pouvez alors suivre les fausses déclarations, peut-être en suivant la contradiction, l’évitement ou le refus d’autres pistes vers la vérité.

J’en suis venu à penser que le silence complet, l’ignorance presque totale, le vide, derrière le meurtre de Mario Bachand, était maintenant l’histoire derrière l’histoire, et qu’elle était aussi importante. Je la trouve toujours fascinante, mais certainement très dérangeante.

Si j’avais commencé mon enquête en me concentrant sur le couple qui est arrivé ce jour-là au 46, rue Eugène-Lumeau, banlieu St. Ouen, Paris, le 28 mars 1971 ; pour revenir le lendemain pour un déjeuner de cous-cous, pour abattre Mario Bachand avec un . pistolet ou revolver de calibre 22, je serais entraîné dans la folie, la folie des personnalités, des mensonges, des déformations, de l’ivresse, produits et diffusés par ceux qui ont occulté l’affaire Bachand par la tromperie et le mensonge, un brouillard de désinformation. J’ai compris le vrai sens des “Nuit et brouillard” des nazis ; “nuit, pour aucune information ; “brouillard”, pour le nuage de récits hors sujet destinés à confondre.

Je me suis dit Le meurtre de Bachand était lié aux réunions du 24, 26 mars 1971, où mes enquêtes ont commencé. Dans ces cas-là, la question de savoir qui était le ou les tueurs, était d’une importance tout à fait secondaire.

Niveau supérieur en bas à froid

Et j’ai eu le haut niveau de l’assassinat dans le froid. Surtout après avoir interrogé l’officier de la DST qui m’a dit, en consultant les dossiers de la DST sur l’affaire Bachand, que “la GRC sait tout sur le meurtre de Mario Bachand”.

Opération Whitelaw et autres signes

Mon contact à la DST m’a dit, après avoir consulté, avec l’autorisation de l’ancien directeur de la DST Jean Rochet, les dossiers de la DST sur l’affaire Mario Bachand, et m’a dit que la GRC sait tout sur le meurtre de Bachand ; Après avoir interrogé le sous-solliciteur général Côté, qui m’a dit que les réunions des 24 et 26 mars portaient sur l’opération d’assassinat de Bachand ; après avoir trouvé les références dans les notes d’agenda de Jean-Pierre Goyer concernant les réunions pour l'”Opération Whitelaw”, les réunions avec des hauts responsables de la GRC, tels que le DGIS John Starnes et le commissaire Higgitt de la GRC ; après que Pierre Charette m’ait dit, confirmé par l’interview d’un officier du SEDEC qui se trouvait à l’ambassade de France à La Havane, et une copie du message de cet officier aux autorités canadiennes, donné à Last Stop, Paris, que Raymond Villeneuve avait appelé Charette à La Havane, depuis Paris, le lendemain du meurtre, pour dire “Nous avons ordonné le meurtre de Bachand et nous l’avons tué” ; après avoir appris que la SDECE et la GRC avaient fait pression sur la Brigade criminelle de Paris pour qu’elle n’arrête pas Normand Roy et Denyse Leduc, identifiés par Pierre Barral, pour lesquels ils avaient créé des mandats d’arrêt ; que la Brigade criminelle avait informé les journalistes de CBC Montréal qui avaient travaillé sur le “documentaire” de 1997 sur le meurtre de Bachand, que la GRC et la SDECE avaient fait pression sur eux pour qu’ils n’arrêtent pas Roy et Leduc, un fait singulier que les journalistes avaient choisi de ne pas mentionner dans leur “documentaire” ; J’en ai conclu que les journalistes, les médias en général, les spécialistes universitaires n’étaient pas capables ou autorisés à enquêter en profondeur ou à écrire ou produire quoi que ce soit de valable sur le meurtre de Mario Bachand, si ce n’est recycler la contrevérité et l’intoxication qui avaient commencé avant même le meurtre de Mario Bachand ; que même certains anciens officiers de la GRC qui avaient participé à l’opération de meurtre de Bachand ou qui en avaient eu connaissance, et qui en étaient profondément bouleversés, se sentaient manipulés par le gouvernement qui les laissait, ainsi que la GRC, “traîner” et “tourner en rond”.

Voici ce qu’il en est de l’opération Whitelaw

Voilà le problème. Le meurtre de Mario Bachand est un crime audacieux, soigneusement planifié et exécuté, dont tout indique qu’il a été commis par un gouvernement et un service spécial. Un crime couvert par une désinformation et une intoxication sophistiquées, utilisant une équipe de tueurs sous faux drapeau employant deux personnes qui n’étaient pas du FLQ mais des agents de la GRC sous le couvert du FLQ, et une désinformation absurde diffusée par des personnes connues pour être à la solde d’autres personnes, comme le montre l’enquête du Québec sur les méfaits de la GRC, la Commission Keable. Plus important encore, l’opération Whitelaw a été ordonnée, autorisée et dirigée par le gouvernement de l’époque.

Une opération terroriste ou de renseignement “sous faux drapeau

Une opération de “faux pavillon” est une opération dans laquelle il y a tromperie sur sa provenance, sa nationalité ou son origine. Un exemple hypothétique, mais aussi très réel. Un homme ou une femme s’approche de quelqu’un et déclare qu’il travaille pour, disons, le service britannique et “Nous avons besoin de votre aide dans une affaire très grave et confidentielle. Très discret. Nous sommes inquiets d’une éventuelle pénétration de notre service et nous souhaitons que vous nous aidiez. En toute confidentialité, bien sûr”. La profondeur de l’inquiétude et la sincérité sont évidentes, et il est clair, par le ton de la voix et la manière, qu’un diplômé d’Oxford ou de Cambridge est “l’un des nôtres”. Une vérification rapide permet de découvrir une photo d’une garden-party diplomatique dans laquelle on peut la voir. Et c’est une “elle”, en fait, c’est une “elle”, et vous vous souvenez l’avoir vue quelque part. Vous devez bien sûr signaler immédiatement cette rencontre à l’agent de sécurité, mais vous vous dites alors : “Qui sait quels ennuis pourraient survenir si je faisais cela ? et c’est sûrement tout à fait par hasard qu’elle est mince et charmante, séduisante, si sympathique et vraiment authentique. Ce n’est que beaucoup plus tard, après l’avoir “aidée” avec un tout petit peu de ce dont vous êtes sûr qu’il s’agissait d’une information sans importance, après qu’elle soit retournée à Prague, Moscou, Berlin, Washington ou Pékin, ou ailleurs, que vous vous rendez compte que vous vous êtes fait avoir. Mais à ce moment-là, il est trop tard, il n’y a pas d’issue sans se mettre en position de fin de carrière. Vous décidez, à contrecœur bien sûr, en faveur de la paix mondiale ou de la ligne qu’ils vous ont donnée, ou de la rationalisation pour vous aider à dormir la nuit, de continuer à les “aider”.

Niveau supérieur en bas à froid

Et j’ai eu le haut niveau de l’assassinat dans le froid. Surtout après avoir interrogé l’officier de la DST qui m’a dit, en consultant les dossiers de la DST sur l’affaire Bachand, que “la GRC sait tout sur le meurtre de Mario Bachand”.

Opération Whitelaw et autres signes

Mon contact à la DST m’a dit, après avoir consulté, avec l’autorisation de l’ancien directeur de la DST Jean Rochet, les dossiers de la DST sur l’affaire Mario Bachand, et m’a dit que la GRC sait tout sur le meurtre de Bachand ; Après avoir interrogé le sous-solliciteur général Côté, qui m’a dit que les réunions des 24 et 26 mars portaient sur l’opération d’assassinat de Bachand ; après avoir trouvé les références dans les notes d’agenda de Jean-Pierre Goyer concernant les réunions pour l'”Opération Whitelaw”, les réunions avec des hauts responsables de la GRC, tels que le DGIS John Starnes et le commissaire Higgitt de la GRC ; après que Pierre Charette m’ait dit, confirmé par l’interview d’un officier du SEDEC qui se trouvait à l’ambassade de France à La Havane, et une copie du message de cet officier aux autorités canadiennes, donné à Last Stop, Paris, que Raymond Villeneuve avait appelé Charette à La Havane, depuis Paris, le lendemain du meurtre, pour dire “Nous avons ordonné le meurtre de Bachand et nous l’avons tué” ; après avoir appris que la SDECE et la GRC avaient fait pression sur la Brigade criminelle de Paris pour qu’elle n’arrête pas Normand Roy et Denyse Leduc, identifiés par Pierre Barral, pour lesquels ils avaient créé des mandats d’arrêt ; que la Brigade criminelle avait informé les journalistes de CBC Montréal qui avaient travaillé sur le “documentaire” de 1997 sur le meurtre de Bachand, que la GRC et la SDECE avaient fait pression sur eux pour qu’ils n’arrêtent pas Roy et Leduc, un fait singulier que les journalistes avaient choisi de ne pas mentionner dans leur “documentaire” ; J’en ai conclu que les journalistes, les médias en général, les spécialistes universitaires n’étaient pas capables ou autorisés à enquêter en profondeur ou à écrire ou produire quoi que ce soit de valable sur le meurtre de Mario Bachand, si ce n’est recycler la contrevérité et l’intoxication qui avaient commencé avant même le meurtre de Mario Bachand ; que même certains anciens officiers de la GRC qui avaient participé à l’opération de meurtre de Bachand ou qui en avaient eu connaissance, et qui en étaient profondément bouleversés, se sentaient manipulés par le gouvernement qui les laissait, ainsi que la GRC, “traîner” et “tourner en rond”.

Voici ce qu’il en est de l’opération Whitelaw

Voilà le problème. Le meurtre de Mario Bachand est un crime audacieux, soigneusement planifié et exécuté, dont tout indique qu’il a été commis par un gouvernement et un service spécial. Un crime couvert par une désinformation et une intoxication sophistiquées, utilisant une équipe de tueurs sous faux drapeau employant deux personnes qui n’étaient pas du FLQ mais des agents de la GRC sous le couvert du FLQ, et une désinformation absurde diffusée par des personnes connues pour être à la solde d’autres personnes, comme le montre l’enquête du Québec sur les méfaits de la GRC, la Commission Keable. Plus important encore, l’opération Whitelaw a été ordonnée, autorisée et dirigée par le gouvernement de l’époque.

Une opération terroriste ou de renseignement “sous faux drapeau

Une opération de “faux pavillon” est une opération dans laquelle il y a tromperie sur sa provenance, sa nationalité ou son origine. Un exemple hypothétique, mais aussi très réel. Un homme ou une femme s’approche de quelqu’un et déclare qu’il travaille pour, disons, le service britannique et “Nous avons besoin de votre aide dans une affaire très grave et confidentielle. Très discret. Nous sommes inquiets d’une éventuelle pénétration de notre service et nous souhaitons que vous nous aidiez. En toute confidentialité, bien sûr”. La profondeur de l’inquiétude et la sincérité sont évidentes, et il est clair, par le ton de la voix et la manière, qu’un diplômé d’Oxford ou de Cambridge est “l’un des nôtres”. Une vérification rapide permet de découvrir une photo d’une garden-party diplomatique dans laquelle on peut la voir. Et c’est une “elle”, en fait, c’est une “elle”, et vous vous souvenez l’avoir vue quelque part. Vous devez bien sûr signaler immédiatement cette rencontre à l’agent de sécurité, mais vous vous dites alors : “Qui sait quels ennuis pourraient survenir si je faisais cela ? et c’est sûrement tout à fait par hasard qu’elle est mince et charmante, séduisante, si sympathique et vraiment authentique. Ce n’est que beaucoup plus tard, après l’avoir “aidée” avec un tout petit peu de ce dont vous êtes sûr qu’il s’agissait d’une information sans importance, après qu’elle soit retournée à Prague, Moscou, Berlin, Washington ou Pékin, ou ailleurs, que vous vous rendez compte que vous vous êtes fait avoir. Mais à ce moment-là, il est trop tard, il n’y a pas d’issue sans se mettre en position de fin de carrière. Vous décidez, à contrecœur bien sûr, en faveur de la paix mondiale ou de la ligne qu’ils vous ont donnée, ou de la rationalisation pour vous aider à dormir la nuit, de continuer à les “aider”.

A la recherche de l’assassin blond

J’ai appelé un contact à La Presse, et lui ai demandé s’il savait comment je devais trouver Denyse Leduc. Il m’a dit qu’elle habitait quelque part sur l’avenue Clark et qu’elle travaillait comme agent immobilier dans une entreprise sur le Mont Royal, qui se trouvait non loin de l’endroit où je logeais. Elle avait refusé de lui parler.

Dans un annuaire téléphonique, j’ai trouvé un Leduc assez loin au nord sur Clarke Street et le lendemain, j’ai pris le bus approprié. C’était un trajet assez long avant de descendre à un arrêt et de traverser la rue pour aller à l’endroit où l’adresse devait être. Il n’y avait pas d’adresse de ce type, mais j’ai trouvé une double résidence assez récente où l’adresse devait être. J’ai frappé à l’une des deux portes. Une jeune fille m’a répondu et je lui ai demandé de parler à Madame Duclos. La jeune fille m’a répondu qu’elle n’habitait pas là. Je lui ai demandé si elle savait où habitait Madame Duclos. Elle ne le savait pas. Il était clair qu’elle ne disait pas la vérité. J’ai alors frappé à la porte d’une résidence voisine. Une femme m’a répondu et j’ai posé des questions sur Denyse Duclos, qui selon moi vivait là, en montrant du doigt où j’étais allé, où la fille qui a répondu a dit qu’elle n’y vivait pas. La femme, à voix basse, a dit qu’elle y habitait.

Un espion sur mon épaule – Je rencontre l’assassin blond

Je suis allé à l’agence immobilière du Mont-Royal et j’ai demandé à consulter leurs listes, qui heureusement contiennent le nom de l’agent responsable de la propriété en question. Plusieurs portaient le nom de Denyse Leduc. J’en ai choisi une, j’ai noté le numéro de téléphone et j’ai dit au réceptionniste que j’aimerais parler à l’agent. Elle m’a donné le téléphone et j’ai appelé le numéro. Une femme a répondu, une légère note d’inquiétude dans sa voix. C’était Denyse Leduc. Je lui ai dit que je voulais lui parler d’un livre que j’étais en train d’écrire. “De quoi s’agit-il ?”, me demanda-t-elle. Le titre est “Last Stop, Paris”, lui ai-je répondu. Il y a eu une forte inspiration, elle était choquée. Néanmoins, elle a accepté de me rencontrer, probablement pour savoir de quoi il s’agissait. Nous avons convenu de nous rencontrer au café qui se trouvait à l’angle de Duluth et de St Laurent à neuf heures ce soir-là, quand elle aurait fini son travail. Elle m’a demandé comment elle me reconnaîtrait, je lui ai répondu que je serais à l’intérieur, avec mon ordinateur portable sur la table devant moi.

La rencontre avec l’un des assassins de Mario Bachand allait être à la fois importante et intéressante. Peut-être un peu effrayant. Important, parce que je voulais vérifier les affirmations qui avaient été faites selon lesquelles Denyse Leduc et Normand Roy avaient assassiné Mario Bachand. L’accusation était si grave qu’une confirmation était nécessaire pour moi. Je voulais également confirmer que le gouvernement canadien était responsable en dernier ressort. Intéressant, car j’étais curieux de savoir à quoi ressemblerait un assassin des services spéciaux. Et, bien sûr, j’aurais aimé savoir ce qui s’est passé exactement ce jour-là à Paris. Effrayant ? Eh bien, peut-être que les services spéciaux ne sont pas enthousiastes à l’idée que des écrivains enquêtent sur leurs activités très spéciales.

Une grande femme blonde s’est approchée

Bien avant neuf heures ce soir-là, je me suis installé avec mon ordinateur portable à une table dans une salle bondée, en grande partie dans l’obscurité. J’avais soigneusement choisi une table près de la première rangée pour que Denyse Leduc puisse me trouver facilement.

À 9 heures précises ce soir-là, une grande femme blonde s’est approchée, a balayé la foule et s’est arrêtée en me voyant avec l’ordinateur portable devant moi. Elle s’est approchée de moi et a baissé la tête. “Je pense que nous devrions trouver un endroit tranquille”, lui dis-je ; elle a dit “Ok”, s’est retournée et s’est dirigée vers la sortie. Elle est entrée dans le petit foyer, où elle s’est arrêtée et m’a regardée. De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle. “Il s’agit de l’assassinat de Mario Bachand”, lui ai-je répondu. “Vous n’en savez rien !”, dit-elle, agitée. “Eh bien, “je sais que vous et Normand Roy avez pris le ferry de Calais à Douvres le 31 octobre 1970, avez voyagé jusqu’à Londres, puis le 4 novembre êtes revenus à Douvres et avez pris un ferry de retour.” Elle s’est retirée, le visage blanc. Elle s’est alors approchée de moi. “Écoutez”, lui dis-je, je sais que vous et Normand avez été manipulés par le procureur général Jean-Pierre Goyer et la GRC. Elle s’est abaissée, presque accroupie, et a demandé, plaintivement, “S’il vous plaît, n’indiquez pas mon nom”. J’ai répondu : “Certainement. À une condition”. Quoi ?” a-t-elle demandé. “Que vous me disiez comment ça s’est passé”.

Elle a réfléchi pendant quelques instants et m’a demandé où j’étais. J’ai dit que j’étais dans un appartement juste là, je lui ai montré, un bloc plus bas à Duluth. Elle m’a dit : “Je vous le ferai savoir.” “Appelez-moi la semaine prochaine”, lui ai-je répondu. Je lui ai donné mon numéro de téléphone.

Elle est partie, je l’ai regardée traverser vers son véhicule et partir.

Je me suis rendu compte que je l’aimais beaucoup. Elle était alerte et déterminée, et elle avait cette combinaison de force et de vulnérabilité apparente qui est très attirante. Je dis “vulnérabilité apparente” parce que ses manières montraient également des signes de conscience exceptionnelle, de maîtrise de soi et probablement de formation à la sécurité. En résumé, je compatissais à son sort, et j’étais, et je suis toujours, bouleversé par ces forces obscures, beaucoup plus importantes qu’elle, qui l’ont impliquée dans un meurtre.

En même temps, je trouve l’idée d’un meurtre si perturbante, si terrible, que j’ai du mal, impossible vraiment, à y penser clairement, ou à y penser du tout.

Elle n’a pas téléphoné la semaine suivante. La semaine suivante, je l’ai appelée et lui ai demandé “Pourquoi n’as-tu pas appelé ? Elle m’a répondu : “Je ne peux pas te parler”. Cela ne m’a pas surpris. J’étais sûr qu’après notre rencontre, elle avait immédiatement parlé avec Normand Roy et avec leurs gardiens de la GRC ou du SCRS. Je peux imaginer la réaction de ces derniers à l’idée qu’elle me révèle “ce qui s’est passé” ce jour-là, le 29 mars 1971, dans le modeste appartement du 46 rue Eugène-Lumeau, banlieue Saint-Ouen, à Paris, lorsqu’elle et Normand Roy, invités à un déjeuner de cous-cous, ont abattu Mario Bachand.

Néanmoins, elle avait confirmé toutes mes suppositions.

The blond assassin
Denyse Beaudry Leduc
(Canada/Quebec)

the hope and optimism portfolio

Quelques années plus tard, je suis tombé sur la photo d’un tableau que Denyse Leduc avait réalisé, probablement peu de temps avant sa mort. Un portrait, en rouge et blanc sang, du chaos. Un portrait, dans mon esprit, de “Comment ça s’est passé” ce jour-là à Paris.