Hide the Dagger with a Smile

Une histoire de couverture

Il ne suffit pas de tuer quelqu’un, il faut le dissimuler, si possible. Si ce n’est pas possible, il faut construire un récit pour égarer les enquêteurs. Un accident, un poison extrêmement difficile à retracer, un suicide, peut-être, qui entraînera des articles dans la presse sur la dépression et des nouvelles d’un cœur brisé d’une entreprise en faillite. Ou simplement criminel,&nbsp ; ou plus exotique, peut-être un mouvement terroriste étranger. Le plus élégant de tous, le meurtre par un collègue au sein du groupe dont la personne cible est membre.

La Brigade criminelle

La Brigade est reconnue comme l’un des meilleurs organismes d’enquête au monde, voire le meilleur. Leurs enquêteurs sont généralement intelligents et résistants, et ils l’ont déjà entendu. Si vous êtes confronté à eux, votre histoire a intérêt à être une bonne histoire.

Meurtre d’État ou assassinat

Bien sûr, si le crime a été sanctionné par l’État, il n’est pas nécessaire de faire un faux récit pour tromper les enquêteurs ou le juge d’instruction. En France, la hiérarchie est respectée. Le Préfet dirige, et il est dirigé par le Procureur de la République, le ministre de l’Intérieur, peut-être le ministre de la Défense. Si l’affaire est sensible, importante et d’une quelconque manière politique, elle va aussi loin qu’il le faut, Matignon, le Palais de l’Elysée, le Président.

Deux mouches dans la pommade

Il y a cependant deux mouches dans la pommade. D’abord, la Brigade criminelle de Paris, et ses inspecteurs et commissaires dont la fierté est justifiée, vont résoudre le crime.&nbsp ; A cet égard, ils n’ont pas de maître. Ils identifieront le ou les auteurs du crime et prépareront des mandats d’arrêt, même si&nbsp ; ils resteront sans signature du Procureur de la République pour que le Maria noir sorte du 36, quai d’ Orfèvres&nbsp ; pour aller chercher les inculpés.

Ce qui soulève une question ; des mandats d’arrêt ont-ils été émis pour les assassins de Mario Bachand, le jeune homme et sa compagne blonde qui, après le meurtre, ont disparu dans le vide?

Ils l’étaient.

Identifié par Pierre Barral ; Françoise Laville, maintenant sa femme, peut-être d’autres. Bien que je n’aie pas été autorisé à consulter les dossiers de l’affaire Bachand à la demande de la Brigade criminelle en mon nom – le Préfet m’en a refusé l’accès – cela n’a pas empêché d’apporter une certaine assistance…, notamment en parlant avec certains des enquêteurs qui avaient été sur l’affaire de&nbsp ; Mario Bachand, et d’autres témoins.&nbsp ; Les mandats restent dans le dossier, aux Archives de la Brigade, au rez-de-chaussée du 36, quai d’Orfèvres. Même si cela dépasse le délai de prescription de dix ans pour les homicides en France. Une limite qui ne s’applique pas, au Canada, pour les responsables du meurtre de Mario Bachand, ce jour-là à Paris.

La deuxième mouche du coche sont les services spéciaux, qui partagent une certaine rivalité, et des différences d’attitude, produit de leurs différentes missions.

En dehors des organes de renseignement et de sécurité des militaires, il existe deux principaux services spéciaux en France :  La DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), qui a remplacé le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage) en 1982, et la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieur), qui a remplacé la DST (Direction de la Surveillance du Territoire), en 2014. 

DGSE (ex-SDECE), étant un service de renseignement étranger, effectue ses opérations à l’étranger. Pratiquement tout ce qu’il fait sur le plan opérationnel est illégal dans les États étrangers qu’il cible. Sur le plan institutionnel, il adopte une vision assez lointaine de la légalité. Par conséquent, lorsque les opérations de la DGSE échouent, elles ont tendance à échouer de manière spectaculaire, vis l’affaire du guerrier arc-en-ciel.

DGSI est un service de sécurité, dont le mandat est de prévenir et de neutraliser les menaces qui pèsent sur la France et les citoyens français. La loi est son principal outil, et la DGSI, comme la DST avant elle, a une excellente réputation de probité et d’efficacité.

C’est en partie grâce aux divergences entre la DGSE et la DST que j’ai pu m’entretenir avec certains officiers retraités des deux services, et m’informer sur des aspects importants de l’affaire Mario Bachand, dont nous parlerons dans les prochains postes.