Crime in the national interest

Crime in the national interest
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Crime in the national interest

J’ai cru comprendre qu’il (DGIS John Starnes) avait été chargé par eux (Premier ministre Pierre Trudeau, Solliciteur général Jean-Pierre Goyer) de veiller à ce que le FLQ soit mis en sommeil ou, vous savez, qu’il ne fasse plus son truc de 1970.

Inspecteur Don Cobb, interview par le comm. adj. Quintal, commissaire adjoint Nowlan, 20 juillet 1977. BAC, AtIP 93A00238, p. 199.

À la fin de 1969, le Canada était “dans une situation difficile”. La situation au Québec était devenue critique, avec une soixantaine d’attentats ou de tentatives d’attentats à la bombe l’année précédente, des étudiants et des travailleurs en grève dans les rues, l’influence des troubles croissants en Europe, notamment en Allemagne et en France, et aux États-Unis.

Une menace existentielle

Mais il y avait un autre problème, plus grave, qui équivalait à une crise existentielle qui menaçait de déchirer le pays. Un problème qui, à part une poignée de fonctionnaires au sommet, en particulier le Premier ministre Pierre Trudeau, dont la plupart des Canadiens ignoraient béatement l’existence.

Une menace posée par les événements dans les couloirs diplomatiques du pouvoir, sans parler des vagues de troubles et de grèves des travailleurs, du désordre et de la violence dans les rues du Québec, de la fusion des troubles étudiants avec les troubles en Europe, notamment en Allemagne, en France et en Italie, eux-mêmes provoqués par l’opposition à la guerre du Vietnam et au traitement des Noirs au sein de la société américaine. S’ajoute à cela la révulsion ressentie par la prise de conscience croissante des jeunes Allemands des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, et de ce que leurs parents et voisins ont pu faire.

Visite à Berlin du Shah d’Iran

En Allemagne, au printemps 1967, on préparait la visite de neuf jours du Shah d’Iran, Reza Pahlavi, et de sa femme Farah. Certains opposants au Shah ont été placés en détention préventive, sans aucune justification légale. Le 7 juin, une manifestation menée par des étudiants iraniens à Berlin, qui ont inspiré les membres de l’Union des étudiants allemands socialistes, a été accueillie avec brutalité par les gardes de sécurité du Shah et par la police allemande. Un policier a tiré sur un étudiant en littérature, pacifiste et membre d’une communauté étudiante protestante, Benno Ohnesorg, qui assistait à sa première manifestation. La balle a atteint sa tête, le tuant.

Les événements de Berlin ce jour-là ont mis le feu à un train de poudre qui menait à Paris, et les événements explosifs de mai 1968. Ceux-ci ont à leur tour inspiré les étudiants du Québec, rejoignant les troubles étudiants de Berkeley, l’opposition à la guerre au Vietnam et la lutte des Afro-Américains pour la liberté et la justice.

Rot Arme Faktion, Baader-Meinhof, terrorisme européen

Elle a également conduit à la radicalisation d’Andreas Baader, d’Ulrike Meinhof et de Gudrun Ensslin, de la Rot Arme Faktion (RAF) et de ce qui est devenu la bande Baader Meinhof. Bientôt responsable de l’un des épisodes les plus graves de la violence terroriste dans l’Europe de l’après-guerre.

Une tempête parfaite s’y est développée, une fusion de facteurs qui allait profondément influencer les événements au Québec. Le Geist se tourne vers la violence.

Vive le Quebec Libre

L’élément perturbateur le plus important est le soutien que le président français, Charles de Gaulle, apporte à la séparation du Québec et aux forces politiques et sociales qui y sont associées. Le discours de De Gaulle “Vive le Québec Libre” devant une foule en adoration devant l’Hôtel de Ville de Montréal, le 24 juillet 1967. Mario Bachand étant l’un des spectateurs.

Dès ce moment, les Québécois sont conscients que la France, la plus importante et la plus influente des puissances européennes, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, étroitement liée à plusieurs pays africains et autres pays francophones du monde, soutient la séparation du Québec de l’indépendance du Canada. Étant donné que la séparation et l’indépendance ne peuvent réussir que par une reconnaissance internationale, via les Nations unies, le soutien de la France constituait une menace existentielle.

La perte du Québec, avec près d’un quart de la population du Canada et de sa masse terrestre, qui a joué un rôle historique majeur dans la construction du Canada, allait laisser le pays déchiré. La violence et le désordre social, politique et économique qui en résulteraient feraient de lui une proie facile pour les nations prédatrices, en particulier les États-Unis voisins, qui voudraient profiter de sa situation difficile.

Alors que la France elle-même, ses citoyens et ses institutions étatiques et gouvernementales n’avaient que peu ou pas de soutien pour la passion chimérique de de Gaulle pour la séparation du Québec, le président était au cœur de l’appareil d’État. En France, tous les chemins mènent à Paris. À Paris, tous les chemins mènent au palais de l’Élysée et au président.

Alors que pratiquement tous les citoyens canadiens, y compris les fonctionnaires, les universitaires et les journalistes, n’avaient qu’une connaissance limitée, voire inexistante, du programme soigneusement conçu par de Gaulle pour démembrer le Canada, le premier ministre Pierre Trudeau, ses proches et ses fonctionnaires, tels que son secrétaire principal Marc Lalonde, le solliciteur général Goyer, Michael Pitfield, Jean Marchand, et les fonctionnaires du ministère des affaires extérieures, en particulier le sous-secrétaire d’État Marcel Cadieux, en étaient parfaitement conscients.

En 1968 et 1969, d’autres événements ont encore renforcé cette inquiétude.

Le gouvernement français a commencé à saisir les occasions de traiter le Québec comme un pays, un acte hostile tout à fait contraire aux pratiques acceptées entre les États-nations. De façon compréhensible, parce qu’il menaçait leur intégrité territoriale. Parfois, les actions françaises semblaient mesquines. Par exemple, un communiqué du gouvernement le 30 avril 1968, à la suite d’un comité de coopération financière France-Québec, qui qualifiait le Québec de “pays”. Un deuxième exemple, en février 1968, sous la pression de la France, le Gabon a invité le ministre de l’éducation du Québec à une réunion des ministres de l’éducation des États francophones.

Pendant ce temps, la GRC a eu connaissance des opérations du SDECE au Québec, notamment du soutien apporté aux éléments séparatistes. Il est apparu que ces éléments comprenaient le FLQ, dont la gravité, si elle était avérée, se rapprocherait d’une déclaration de guerre.

Le Parti Québécois

Le plus grave ajout à la menace globale arrive en octobre 1968, avec la fondation du Parti Québécois (PQ), sous la direction de René Lévesque. Lévesque avait une éducation classique, un ancien journaliste de télévision au manoir rapide et facile, aimé des Québécois. S’il n’avait pas l’intelligence, la discipline et la combativité de Pierre Trudeau, il avait lui aussi une éducation classique et était très intelligent.  Avec sa langue d’argent, il pouvait, et le faisait habituellement, mettre les foules à leurs pieds.

La présence même du PQ sur la scène politique du Québec signifiait qu’à un moment donné, ils formeraient un gouvernement québécois. Cela signifiait un référendum sur la séparation du Québec.

Le programme séparatiste du PQ, avec le soutien du gouvernement français de Charles de Gaulle, a formé un poignard pointé au cœur du Canada.

La violence et le désordre civil se sont intensifiés au Québec, principalement à Montréal.

La criminalité dans l’intérêt national

C’est l’ensemble de ces éléments qui a conduit le gouvernement de Pierre Trudeau à prendre des mesures pour permettre la “criminalité dans l’intérêt national”, qui a rapidement développé des implications sinistres.